STRONGYLOSES GASTRO-INTESTINALES ET PULMONAIRES DU CHEVREUIL
Le chevreuil peut souvent héberger sans dommages apparents de nombreux virus ou bactéries qui deviennent pathogènes lorsque l’animal est affaibli par une sous-alimentation ou par un parasitisme important. Les affections causées par les ectoparasites, comme la tique, semblent ne causer de troubles réels qu’aux sujets jeunes ou affaiblis. L’oestrose laryngée, maladie due au développement dans les cavités nasales, le pharynx, ou le sinus, de larves d’oestre, mouche trapue ressemblant à un bourdon, affecte peu les chevreuils en bonne santé.
Les maladies parasitaires, les plus fréquemment décelées par analyse sont : les strongyloses gastro-intestinales et pulmonaires.
La strongylose gastro-intestinale
Les nématodes parasitant l’appareil digestif sont de petits vers filiformes de quelques millimètres de longueur vivant dans la caillette et l’intestin grêle. Expulsés avec les excréments d’un sujet déjà infesté, leurs oeufs éclosent à même le sol. Après avoir évolué au cours de trois cycles différents, les larves quittent les matières fécales et grimpent au sommet des plantes herbacées. L’infestation d’un autre chevreuil se produit lors de l’ingestion de sa ration quotidienne de trois à quatre kilos de matière verte. Son tube digestif est alors colonisé par les larves qui deviennent adultes au bout de quelques jours. Ces parasites se nourrissent du sang de l’animal, et leur présence dans le tube digestif diminue l’absorption intestinale des aliments. Les symptômes se traduisent donc par une anémie plus ou moins marquée, un poil hirsute, des troubles de la mue, une déformation des bois chez les brocards, une diarrhée souillant les membres pos¬térieurs. Les sujets malades sont tristes, se déplacent lentement et s’enfuient sur de courtes distances.
La strongylose pulmonaire
Très répandue et particulièrement grave chez le chevreuil, la strongylose pulmonaire est fréquemment associée aux strongyloses gastro-intestinales. Cette parasitose est causée par des nématodes, vers très fins, blancs ou bruns, dont le cycle évolutif exige parfois un hôte intermédiaire (escargot, limace terrestre ou aquatique). Les vers adultes vivant dans les poumons pondent des oeufs qui donnent rapidement des larves. Celles-ci remontent la trachée vers la bouche pour être ensuite avalées, puis transitent dans l’intestin pour être enfin évacuées avec les excréments vers le milieu extérieur où elles deviennent infestantes en quelques jours. Identique à la strongylose gastro-intestinale, le mode de contamination se fait par l’ingestion de plantes herbacées. Les larves avalées traversent l’intestin, passent dans le sang, gagnent les poumons où elles deviennent adultes et commencent à pondre. Les animaux malades maigrissent et sont victimes d’importantes gênes respiratoires - essoufflement marqué, toux rauque - appelées communément « bronchite » vermineuse.
Tous ces problèmes pathologiques surviennent généralement au sein de populations en déséquilibre par rapport à leur milieu, un sureffectif aggravant le phénomène de contamination tout en favorisant la rapidité du renouvellement des cycles parasitaires. Le chasseur gestionnaire doit en priorité tirer les sujets chétifs, malades, ou présentant un comportement et un aspect général anormal, l’élimination de ces animaux diminuant les éventuels porteurs de germes.
Une intervention à l’aide de certains produits anti-parasitaires peut également être envisagée. Le traitement médicamenteux nécessite d’habituer les animaux à recevoir régulièrement une nourriture d’appoint dans laquelle sera incorporé un vermifuge à large spectre. Abrités, les points d’affouragements seront nombreux et espacés afin de restreindre les possibilités de contamination entre individus.
Sources : Mr Philippe BOIDIN, Docteur vétérinaire à Arques.