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chasse-ardennes.be : L'Echinococcose Alvéolaire

L'ECHINOCOCCOSE ALVEOLAIRE (ou maladie du Renard)

L’échinococcose alvéolaire ou maladie du renard est une maladie pernicieuse car l’agent infectieux, l’oeuf de l’échinocoque, est microscopique (30-40 μm) donc difficile à déceler. L’oeuf est très résistant au froid mais il craint la chaleur. L’oeuf peut survivre quelques semaines à quelques mois entre –30°C et +30°C avant d’atteindre l’hôte intermédiaire : le rongeur mais aussi l’homme.

D’autre part la latence du développement de la larve, de trois à quinze ans chez l’homme, rend difficile le diagnostic médical précoce car la recherche d’une échinococcose est rarement faite en première intention. L’ennemi silencieux ronge et se multiplie dans le foie sans effet apparent car cet organe qui se régénère est très résistant, jusqu’à ce que le point de rupture soit parfois atteint. Quelques mois après la découverte des symptômes l’issue peut être fatale. La greffe du foie est le seul remède dans les cas les plus extrêmes. Mais dans 90% des cas, notre système immunitaire réagit efficacement contre la maladie. Les cas restent donc rares.

A) L’ÉCHINOCOQUE ET SA LARVE

 

 

Œuf (Taille réelle = 200 µm)

Les images sont de Brigitte BARTHOLOMOT, Solange BRESSON-HADNI, Jean-Pierre CARBILLET et Dominique A. VUITTON, Centre Collaborateur Traitement des Echinococcoses humaines, Université de Franche-Comté, Besançon, France.

 

Le cycle de vie de l'échinocoque se décrit en deux phases :

 

parasite du Renard ou du Chien

Sur le cliché ci-dessus, à l’extrémité antérieure (en haut), on distingue la tête ou scolex. Cette tête ne bourgeonne à la fois que trois anneaux. Le dernier se détachera lorsque les œufs seront mûrs. Le ver adulte d’Echinococcus multilocularis mesure 1,2 à 3,5 mm de long et comporte trois anneaux. Il vit fixé par sa tête aux villosités de l’intestin grêle de certains carnivores, non seulement chez le Chien, mais surtout chez le Renard. C’est le scolex qui bourgeonne les anneaux, le plus jeune étant celui le plus proche de la tête. La longévité du parasite est assez courte puisqu’elle est de l’ordre de 3 à 4 mois.

Quand le dernier anneau du parasite est mûr, il se détache, et les œufs ou embryophores qu’il renferme se trouvent éliminés avec les excréments du Renard dans le milieu extérieur. Les embryophores arrondis mesurent de 30 à 35 μm de diamètre ; à l’intérieur d’une coque épaisse se trouve l’embryon muni de six crochets (embryon hexacanthe).

1) Des centaines, voire des milliers d’échinocoques adultes (de 2 à 3 mm de long) se développent dans l’intestin grêle du renard, du chien ou du chat ; hôtes définitifs que l’on qualifie de porteurs sains car la maladie n’a pas d’incidence sur leur santé. Le ver, au bout de quelques semaines, lâche des sacs contenant approximativement 200 oeufs qui se retrouveront dans les excréments. L’animal se lèche volontiers la région péri anale et charge sa langue d’oeufs qui se déposent sur son pelage. Dans le cas des chats et des chiens, c’est le maître qui serait infecté par les oeufs en caressant son compagnon à quatre pattes ou en le laissant lécher un objet (assiette, nourriture) que son maître portera à sa bouche. Les oeufs de l'échinocoque ne peuvent pas infecter un autre renard, un chien ou un chat car ils ont besoin d’un hôte dit intermédiaire pour poursuivre leur cycle. Ces animaux peuvent par contre être contaminants et colporter de l’un à l’autre l’agent infectieux. Ainsi un chien qui se roule dans les excréments d’un renard sera porteur d’oeufs. Il ne développera pas la maladie mais il pourra contaminer son maître. Un animal ne reste pas définitivement infecté par l’échinocoque, il peut redevenir sain en quelques mois, mais peut à nouveau se réinfecter. D'où l'intérêt de traitements antiparasitaires (vermifuges) réguliers (tous les deux ou trois mois) chez les carnivores domestiques (chats, chiens).

2) Une fois ingérés par l’hôte intermédiaire (rongeurs, et accidentellement l’ Homme), les oeufs se retrouvent dans l’estomac. Les sucs gastriques vont alors dissoudre la coque des oeufs et libérer les larves qu’ils contenaient. Les embryons vont jouer les « passe murailles » en passant, par les voies sanguines, de l’intestin au foie. Arrivés au foie, ils se multiplient et l’infection se répand. Pour permettre son développement, chaque embryon devenu une larve va former un kyste parasitaire qui va bourgeonner dans tous les sens du terme en creusant des « alvéoles » blanchâtres, d’où le nom d’échinococcose alvéolaire donné à la maladie.

Aspect extérieur du foie dans un cas d'échinococcose alvéolaire chez l'homme

Le foie va alors être comme « rongé », occupé par la larve du parasite et par la réaction de défense que lui oppose l’organisme. En effet, le parasite s’entoure d’une réaction immunitaire dite « granulomateuse » responsable du développement d’une fibrose (le foie devient dur comme du bois et ne fonctionne plus). La fibrose autant que le parasite est responsable de la destruction du foie. Ce travail de « sape » va durer des mois (chez le rongeur) ou des années (chez l’homme), sans que l’équilibre du foie, et donc du corps entier, n’en soit perturbé, car le foie est un organe très solide qui a la capacité étonnante de se régénérer. Par contre, au fur et à mesure, chez le rongeur, les alvéoles ainsi créées ne vont mettre que quelques mois pour se remplir de milliers de petits grains contenant des formes larvaires appelées protoscolex qui permettront au parasite de poursuivre son cycle évolutif.

 

Une fois suffisamment affaibli le rat, la souris ou le campagnol devient une proie facile pour le renard, le chat ou le chien. Le cycle se referme alors. Les protoscolex sont ingérés en même temps que le rongeur et deviennent des vers adultes dans l’intestin du prédateur. Il faut signaler que les autres espèces de carnivores (belettes, hermines, etc…) de même que les rapaces, ne sont pas réceptifs vis-à-vis de ce parasite ; ils ne peuvent pas être contaminés en mangeant les hôtes intermédiaires (rongeurs) infectés par la larve.

 

En conclusion nous dirons que l'homme est un hôte intermédiaire "accidentel" (c’est cul de sac épidémiologique en terme scientifique car n’étant pas mangé par un carnivore, il ne peut pas faire « tourner » le cycle parasitaire), qui peut être atteint "à la place" d'un rongeur. Nous remarquerons que l’échinocoque n’est un véritable danger que pour l’hôte intermédiaire, le rongeur ou accidentellement l’homme (dans lequel il se fixe dans le foie où il se propage comme une tumeur) alors que chez l’hôte définitif (carnivore) il se localise dans le tube digestif).le parasite ne mesure pas plus d’un demi centimètre, et, même présent à des milliers d’exemplaires il ne fait courir aucun danger à son hôte définitif. L’autopsie du renard permet de détecter ce ver mais elle nécessite un matériel spécifique dans un laboratoire spécialisé (méthode reconnue par OMS : comptage des parasites sur une portion du tube digestif après passage à – 80°C pendant une semaine. Chez l’homme, une échographie du foie permet de déceler la présence des lésions échinocoques. Il existe des tests sérologiques (ELISA, western blot) pour confirmer la maladie chez l’homme. Au moyen d’une échographie on révèle la présence d‘alvéoles au niveau du foie mais cet examen est fastidieux. Les organes voisins du foie sont progressivement infiltrés et des métastases parasitaires peuvent emboliser le système vasculaire et se développer à distance au niveau des poumons, du système nerveux central, des muscles, des os, etc. Ceci peut induire des récidives après la greffe d’un nouveau foie.

Il n'existe pas de symptômes précoces typiques permettant de suspecter l'infection. Au cours de l'évolution, des symptômes non spécifiques (fatigue, douleurs abdominales, ictère) peuvent apparaître. De fait, le diagnostic est souvent posé tardivement quand la lésion parasitaire atteint une taille déjà conséquente. La maladie évolue sur une période de 5 à 10 ans généralement. Elle implique le plus souvent le recours à une chirurgie lourde (ablation d’une partie du foie, greffe du foie) et peut malheureusement avoir pour conséquence le décès du patient.

 

B) MODES DE CONTAMINATION HUMAINE

Modes de contamination pour l’espèce humaine.

Les nombreuses études immunologiques réalisées au cours des 10 dernières années, en particulier par Mmes Isabelle Blouin-Emery et Véronique Godot, docteurs en biologie, confirment que l'échinococcose alvéolaire, bien que grave, est une maladie très rare qui n'affecte que relativement peu de personnes par rapport aux zones exposées. En fait, il semble que chez une majorité de sujets infectés (90%), les réactions immunitaires aboutiraient à une défense contre le parasite, engendrant soit des lésions de type abortif, soit l'absence de tout signe d'infection. L'hypothèse de particularités immunologiques qui expliquerait les phénomènes de sensibilité et de résistance à l'infection a été confirmée par des études chez la souris et chez l’homme par ces chercheurs, et celle d'une prédisposition immunogénétique a été confirmée par des études épidémiologiques européennes.

Deux scénarios principaux de contamination pour l’être humain peuvent être proposés, selon le Professeur Dominique Vuitton de l’Université de Franche-Comté :

B1) Contamination par l’alimentation

Le renard, le chien ou le chat contaminent des baies (myrtilles, mûres, framboise, fraise), des pissenlits ou des champignons, avec leurs excréments, déposés sur le sol et lavés par les pluies. Lors d’une balade les promeneurs ramassent les baies, les pissenlits ou les champignons et pourraient se contaminer en les mangeant crus.

Remarque : N’oublions pas que les oeufs sont résistants au froid, l’oeuf peut rester infectieux pendant 2 ans au moins, si les conditions sont bonnes (fraîcheur et humidité). A l’inverse ils sont très sensibles à la chaleur et à la dessiccation. Ils seront détruits rapidement dans les zones exposées au soleil, donc à la chaleur et à la dessiccation. Par la cuisson (au moins 5mn à 60°C) les oeufs seront détruits. Il n’y a donc aucun problème avec les omelettes aux champignons ou les confitures et les tartes.

La contamination est problématique pour les végétaux que nous consommons crus et qui viennent du potager: Le renard ou le chien porteur des échinocoques sont susceptibles de déposer leurs crottes dans un potager ou chez un maraîcher, ils peuvent ainsi contaminer les légumes et plus particulièrement les salades.

L’homme mange la salade sans lavage intensif. Il reste assez d’oeufs sur les feuilles pour qu’il en avale suffisamment pour être infecté. Cette hypothèse est bien sûr pessimiste car en général un lavage correct suffit à éliminer les oeufs qui ne possèdent pas de système d’accroche comme c’est le cas pour la douve du foie, le système immunitaire fera le reste si celui-ci n’est pas affaibli par une autre maladie.

Dans les zones infectées il faut donc penser aussi à laver scrupuleusement les récoltes du potager quand celui-ci n’est pas clôturé. Avec ce type de précautions, le risque de s’infecter est vraisemblablement très faible en zone connue d’endémie ; il peut être considéré comme quasi nul dans les régions où jamais un cas humain d’échinococcose alvéolaire n’a été décrit.

B2) Contamination par contact avec les animaux infectés

Le renard, le chien ou le chat, contaminés par l’ingestion de rongeurs malades, peuvent déposer par léchage les oeufs du parasite sur leur pelage. Les oeufs du taenia présents sur le pelage des animaux pourront contaminer le chasseur, le piégeur, le promeneur, qui touchent à mains nues un renard, dans la nature ou sur la route. Ils pourront aussi contaminer de la même façon le maître du chat ou du chien lors de caresses ou de léchage.

Les oeufs peuvent aussi être « importés » sur le pelage sans que l’animal lui-même ne soit contaminé ! C’est le cas des chiens et tout spécialement des chiens de terrier, qui se roulent dans les excréments de renards contaminés, ou d’autres animaux à fourrure susceptibles d’être touchés par l’homme (en particulier les piégeurs), sans que l’animal lui-même ne fasse une forme contagieuse de la maladie.

Populations humaines à risque

Les personnes qui sont directement en contact avec les renards ou les chiens de chasse sont très exposées. Les chasseurs, les piégeurs et les taxidermistes doivent donc être vigilants et suivre scrupuleusement les recommandations qui seront énoncées dans la suite. Les agriculteurs peuvent également entrer en contact avec les renards et, à l’occasion, devoir en dégager les carcasses de leurs machines agricoles.

Les certitudes :

- L’échinocoque ne passe pas directement d’un renard à un autre ou à un chien ou à un chat. Il n’y a pas de risque de transmission par morsure entre ces animaux. Des cas absolument exceptionnels d’échinococcose non hépatique humaine par morsure de renard ont cependant été décrits : on pense que la larve s’est développée à partir d’oeufs présents dans la cavité buccale du renard…

-L’infection de l’homme ne peut pas avoir lieu en consommant un rongeur infecté (cas des rats musqués, parfois consommés dans certaines régions) ; cependant, des rongeurs peuvent porter des oeufs infectants sur leur pelage, à partir de crottes de renards infectées…

- Un humain porteur de larves d’échinocoques dans son foie ou un autre organe ne peut en contaminer un autre. Il n’y a donc pas de contagion possible entre êtres humains.

C) RECOMMANDATIONS DANS LES ZONES ENDEMIQUES

Ne jamais toucher un animal sauvage sauf avec des gants. Les chasseurs et les cultivateurs devraient toujours avoir à leur disposition des gants jetables au cas où ils auraient à manipuler des renards.

Ne jamais adopter un animal sauvage. Les renardeaux sont attendrissants mais ils sont infectés très tôt dans la vie, et sont porteurs lors de la première infection, d’un nombre de vers très important, et sont donc très contaminants, comme l’ont montré toutes les études faites dans plusieurs pays, de plus leurs parents pourront les avoir copieusement léchés et avoir chargé leur pelage d’oeufs.

L'adoption de ce type d'animaux est interdite par la loi sauf dérogations.

Ne jamais laisser divaguer vos animaux domestiques : les chiens aiment se rouler dans les excréments pour masquer leur odeur. Lorsqu’un chien entre dans le terrier du renard, ou fréquente son domaine, son pelage se charge en oeufs d’échinocoque. C’est alors  qu’il peut contaminer les êtres humains par les caresses qui lui sont prodiguées, les mains portées à la bouche les infectent.

Ne les laissez pas lécher vos mains, votre visage ou votre vaisselle. Pour les animaux familiers (chiens, chats) qui ont l’habitude de divaguer, les vermifuger tous les deux ou trois mois est une sage précaution.

Clôturer les potagers ou les jardins isolés pour les rendre difficiles d’accès aux animaux errants. En zone d’endémie, une clôture efficace des jardins maraîchers dont les produits sont destinés à la vente semble une mesure raisonnable.

Laver les chiens à leur retour de chasse ou de piégeage. Quand vous lavez vos animaux, portez des gants. Eau chaude, séchage au sèche-cheveux contribuent à rendre ce lavage efficace contre les oeufs d’échinocoque.

La congélation classique à –18°C des aliments ne tue pas les oeufs. Une cuisson à 60°C pendant 5 minutes, un passage au four, même bref, suffit à écarter tout risque.

Aucun antiseptique connu n’est efficace contre les oeufs d’échinocoque.

 

Notes réalisées à partir de documents établis par Mme le         

D) LEXIQUE

Ver échinocoque : petit ver plat, de 2 à 3 mm de long. Il vit à l’état adulte dans l’intestin des renards, des chiens et des chats. C’est un parasite.

Agent infectieux (ou pathogène) : micro-organisme responsable d’effets morbides sur l’organisme (entraîne une maladie)

Hôte : être vivant (homme, animal, végétal) qui abrite un parasite

Hôte intermédiaire : hôte qui héberge la forme larvaire du parasite, éventuellement capable de se reproduire (ce n’est pas le cas de l’échinocoque)

Hôte définitif : organisme dans lequel le parasite atteint le stade adulte et se reproduit

Porteur sain : il ne présente pas de signe de l’infection mais est contaminé (c’est à dire non malade lui-même mais contagieux)

Protoscolex : néologisme composé du préfixe proto et du mot scolex. Le scolex est la « tête » du ver parasite. On comprend par protoscolex la forme larvaire du ver adulte.

Test ELISA (sérodiagnostique) (Enzyme Linked Immuno Sorbent Assay)C’est un dosage immuno-enzymatique. Il permet de détecter, à l’aide d’anticorps marqués, et à l’aide d’une réaction enzymatique,la présence des anticorps spécifiques d’un antigène.

Sérodiagnostique (test sérologique) : recherche de l’agent causal d’une maladie par la mise en évidence des anticorps spécifiques dans le sang d’un patient.

Echographie : technique médicale permettant l’exploration d’un organisme en transformant en images, à l’aide d’un ordinateur, des signaux émis sous la forme d’ultra-sons.

Dessication : élimination de l’humidité d’un corps.

Sylvatique : relatif aux forêts.

Erratisme : qui n’a aucune régularité – instable, inconstant, fluctuant.

Abortif : se dit d’un produit, d’un procédé qui provoque l’avortement, qui s’arrête avant le terme de son évolution normale.

Prévalence : rapport du nombre de cas d’un trouble morbide à l’effectif total d’une population, sans distinction entre les cas nouveaux et les cas anciens, à un moment ou pendant une période donnés. Dans notre cas nous pouvons l’assimiler à un taux d’infection.

Endémie : présence habituelle d’une maladie dans une région géographique déterminée et qui s’y manifeste soit constamment, soit épisodiquement.

Zoonose : maladie infectieuse atteignant les animaux et qui peut être transmise à l’homme (exemple : rage, peste)

Vulpine : Le renard est désigné par l’appellation vulpus vulpus en zoologie. L’adjectif a été créé pour désigné le renard bien qu’il ne figure pas dans le Larousse 2002.

Prophylaxie : toute pratique préventive destinée à prévenir une maladie (exemple : mesures d’hygiène).

 

Echinococcose alvéolaire – Contact : Hervé DIZY

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